Comprendre Spinoza
EAN13
9782200355449
ISBN
978-2-200-35544-9
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
Collection Lire et comprendre
Nombre de pages
256
Dimensions
20,5 x 14 x 1,3 cm
Poids
386 g
Langue
français
Code dewey
199.492
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Comprendre Spinoza

De

Armand Colin

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Introduction?>Spinoza naît le 24 novembre 1632 à Amsterdam, dans une famille de négociants juifs d'origine portugaise. En portugais, son prénom Bento signifie « béni » (« Benedictus »), traduit en hébreu par Baruch. Après les juifs d'Espagne, expulsés en 1492, les juifs du Portugal durent eux aussi s'installer dans des pays plus accueillants, ou moins intolérants. Les Provinces-Unies (Pays-Bas) furent le refuge de nombre d'entre eux : dans ce petit pays ouvert sur l'étranger, marqué par une expansion sans précédent du commerce, ils purent servir d'intermédiaires dans les relations économiques avec leur pays d'origine.Être juif aux Pays-Bas au cours du Siècle d'or?>Les juifs d'Amsterdam venaient en majorité de la péninsule ibérique. Ils comptaient dans leurs rangs de nombreux ex-marranes, c'est-à-dire des juifs convertis de force, objets de suspicion de la part des autorités catholiques et souvent persécutés. Certains marranes prirent de grands risques pour tenter de préserver leur identité, célébrant en cachette certaines fêtes ou certains rites. Mais le contexte général de persécution tendait à faire tomber dans l'oubli des pans entiers de la foi et de la tradition juives. La sécurité et la protection relatives dont les juifs installés en Hollande bénéficièrent peu à peu, et non sans résistance de la part, entre autres, des tendances les plus conservatrices de l'Église calviniste, leur permirent un travail de redécouverte de leur identité et de leur culture religieuses. Ce processus ne s'est pas accompli sans mal ; une opposition de plus en plus farouche se fit jour entre les partisans d'un retour à une interprétation de la Loi et à des croyances strictes, dans un souci de fidélité aux sources les plus orthodoxes, et ceux qui étaient davantage sensibles à un rapprochement, voire à une confrontation, entre la Foi et les prescriptions plus universelles de la Raison.L'ambiance assez libre de la vie intellectuelle et religieuse, en raison du pluralisme qui régnait aux Pays-Bas, favorisait ce genre de débat : divisions entre catholiques et protestants, extrême dispersion des obédiences réformées et dissidences nombreuses. Il y eut, enfin, une certaine osmose entre des groupuscules religieux plus ou moins hérétiques ou contestataires et des cercles intellectuels restreints mais influents, qui cherchaient à défendre une foi plus personnelle, libre à l'égard des Églises et des formes du culte. Ces groupes étaient très ouverts à l'idée de Lumière naturelle. On peut citer à titre d'exemple les « Collégiants » d'Amsterdam.Les trois communautés juives d'Amsterdam parvinrent à s'unifier en 1639 sous le nom de Talmud Tora. Elles se donnèrent une autorité religieuse et une assemblée de représentants, souvent issus des couches favorisées, qui devaient diriger les affaires générales de la communauté et exercer une discipline sur ses membres. C'est dans un tel contexte qu'il faut comprendre les déboires d'Uriel Da Costa, sommé à plusieurs reprises de renoncer à ses écrits et opinions concernant l'authenticité de la Loi et de sa transmission depuis Moïse, ou mettant en question l'immortalité de l'âme. Les critiques qu'Uriel Da Costa formulait à l'encontre du judaïsme de son temps suscitèrent de vives réactions. Après une nouvelle humiliation infligée par la synagogue, il se suicida en 1640. Au cours des années 1650, qui virent l'exclusion (herem) de Spinoza, la communauté se divisa à nouveau autour des opinions de Juan de Prado, qui fut, lui aussi, accusé de nier l'origine divine de la Loi de Moïse, ainsi que l'immortalité de l'âme.On a pu parler du XVIIe siècle comme du Siècle d'or des Provinces-Unies en général et d'Amsterdam en particulier. Prospérité due à un rayonnement commercial sans pareil - la Compagnie des Indes orientales fut fondée en 1602, celle des Indes occidentales en 1621 -, activité bancaire, puisque la place d'Amsterdam représentait la plus grande banque d'Europe, métiers du textile à Leyde, Haarlem, Utrecht, taille de diamant à Amsterdam. Les Hollandais étaient installés en Amérique du Nord, dans les Antilles, au Brésil, en Guyane, au Surinam, et ils disposaient de nombreux comptoirs en Asie (Ceylan, Japon...). D'un certain point de vue, Amsterdam fut à cette époque la ville-phare, la ville-monde.La réussite économique et les échanges s'accompagnaient d'un certain libéralisme politique : recherche d'un pouvoir stable, représentatif et modéré, liberté d'expression, reconnaissance de l'individu. Sur le plan institutionnel, l'État des Provinces-Unies s'apparente à une fédération de provinces décentralisées. Dans chacune d'elles, le pouvoir appartient à une assemblée dirigée par un gouverneur, le Pensionnaire. La même organisation se retrouve au niveau de l'État central : les États généraux représentent les sept provinces : cette assemblée siège à La Haye et est présidée par le Grand Pensionnaire (un Premier ministre avant la lettre). Il faut cependant souligner le poids plus important de la Hollande, en raison de sa puissance militaire, économique et commerciale.Malheureusement, l'épanouissement du marché et la richesse de la vie sociale cachaient de graves difficultés. La stabilité politique se trouva menacée à plusieurs reprises par un conflit structurel qui opposait les « régents » et leurs partisans — ce groupe provient de la bourgeoisie riche des villes et du commerce, composé de personnalités favorables à une direction politique libérale des Provinces-Unies — à l'aristocratie militaire, soutenue par la paysannerie ainsi que par certaines couches du peuple des villes, et cette aristocratie se reconnaissait dans la famille princière d'Orange-Nassau. Au lendemain de l'indépendance définitive par rapport à l'Espagne (1648), la tentation de l'État monarchique échoue, et Jean de Witt devient Grand Pensionnaire. Il fait abolir le stathouderat (commandement exécutif suprême assumé par un chef militaire) qui représentait une menace contre l'administration civile. Il n'en demeure pas moins que les troubles recommencent en 1660, le parti des Orangistes, conduit par Guillaume III, contestant de plus en plus vivement les régents. En 1672, l'invasion par les troupes de Louis XIV aiguise les sentiments nationalistes et le désir d'un pouvoir fort : Jean de Witt et son frère sont assassinés lors d'une émeute populaire.La République qui a duré vingt ans est morte ; le pouvoir du stathouderat est rétabli au profit de Guillaume III.Spinoza a vite pris conscience de la collusion entre le parti d'Orange et l'Église calviniste orthodoxe, ainsi que de l'indiscutable force populaire du mouvement en faveur de la monarchie. Il se sentait plus proche des protestants libéraux, partisans de la tolérance religieuse et de la liberté de conscience. Les tenants d'une théologie plus libérale furent dénommés remontrants parce qu'ils publièrent en 1610 une « Remontrance » où ils exposaient leurs réserves sur la théorie calviniste de la grâce et de la prédestination, en insistant sur le rôle que l'individu devait jouer, par ses actes, dans la recherche de son propre salut. Leurs adversaires, calvinistes rigoureux, nommés contre-remontrants (ou gomaristes), exigeaient une interprétation stricte de la prédestination et du salut par la grâce, la liberté religieuse ne constituant pas leur préoccupation majeure. Les contre-remontrants défendaient principalement la thèse que le chrétien était appelé à une double obéissance : à l'Église, pour ce qui relève des choses spirituelles ; au Prince et à l'État, pour les choses temporelles. Les contre-remontrants considéraient Dieu comme la source exclusive de toute la Loi. Dans le contexte d'une indépendance des Pays-Bas menacée, la crainte à l'égard des rois catholiques d'Espagne et de France favorisait assurément l'idée d'une monarchie incarnant un pouvoir fort, avec pour appui l'Église calviniste.En 1639, Spinoza commence ses études à l'école Talmud Tora. Il apprend l'hébreu. À 20 ans, il participe aux activités de négoce de la maison familiale.Dans les années 1650, Spinoza se rapproche de Franciscus Van Den Enden, ancien jésuite devenu un esprit libre, partisan du régime républicain des Provinces-Unies. Il suit des cours de l...
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