Jean Racine

Biographie

L'histoireDeux frères jumeaux, Polynice et Etéocle, fruit de l'union
incestueuse entre Jocaste leur mère et OEdipe le fils aîné, se vouent une
haine fratricide depuis qu'Etéocle a décidé de régner sans partage sur Thèbes.
Or leur défunt père avait émis la volonté qu'ils trônent un an chacun à tour
de rôle. Dès lors, Thèbes est à feu et à sang et se voit bientôt assiégée par
les troupes de Polynice qui souhaite faire valoir le droit du sang pour
gouverner la ville alors qu'Etéocle, plébiscité par le peuple et encouragé par
son oncle Créon, refuse de rendre le trône à son frère.Créon, qui voit dans la
lutte fratricide le moyen de conquérir le pouvoir tant convoité, espère
séduire Antigone, leur soeur, qu'il aime secrètement. Jocaste, désespérée par
tant de haine cherche à ramener ses fils à la raison, à les faire fléchir et
leur demande le temps d'une trêve de se rencontrer. Polynice, accompagné
d'Hémon fils de Créon, fidèle cousin combattant aux côtés du prince par amour
pour Antigone, pénètre dans la cité. Mais la confrontation physique des deux
frères va exacerber leur haine originelle et la trêve sera de courte durée.La
Thébaïde est une pièce au rythme tendu et foudroyant à l'image de la haine
qu'elle met en scène, une haine au-delà du pouvoir convoité par deux frères
jumeaux. Pour l'un, Polynice, le pouvoir est un droit du sang alors que pour
l'autre, Etéocle, il est le choix d'un peuple. C'est autour de cette
opposition que le conflit entre les frères débute, c'est en elle aussi qu'ils
trouvent un prétexte à leur affrontement, mais dès que les jumeaux se
retrouvent dans une situation de confrontation physique, l'affrontement
politique laisse place aussitôt à une haine charnelle, ancestrale, originelle.
Une haine qui prend sa source dès l'origine de leur vie, une haine organique
qui perdure par-delà la mort tant elle est absolue, une haine physique qui
procure jusqu'à la jouissance tant elle est transcendante. Les jumeaux
s'affrontent dans un perpétuel corps à corps s'arrachant l'un à l'autre pour
vivre comme pour mourir. Mais « la victoire entre deux morts n'a pas de sens »
(Les Phéniciennes - Euripide) c'est cette idée-force que je souhaite
développer, cette notion qu' « à partir d'un certain point, il n'y a plus de
retour » (Kafka).Bien évidemment l'actualité des guerres fait écho aux propos
de Racine, car il s'agit de guerre entre frères, où les accords sont trahis,
les couvre-feux violés.