Écrire la sculpture, XIXe-XXe siècles

Si la relative rareté des écrits sur la sculpture reflète une réalité du goût et du champ artistiques, la matérialité et l'ancrage spatial de cet art semblent également opposer à la parole un obstacle plus grand que la peinture. Sa résistance au dire fait de la sculpture un objet parfois invisible dont le nom même finit par échapper. Mais cet art se révèle plus qu'on ne le penserait perméable au discours : l'écriture modèle la sculpture, l'anime, réinventant son lieu et sa chair, altérant quelquefois ce qui paraissait une intangible matérialité. Vivante et mouvante, la sculpture tantôt danse sous la plume, tantôt, menaçante, oppose au regardeur l'étrangeté d'un alter ego.